Dans la maison près de l'auberge

Christophe était encore offusqué par l'intrusion du médecin.
Alors, le comportement de Saphyra le prit un peu au dépourvu et le déstabilisa. Il perdait tranquillement son habituel maitrise de lui-même.
Il tenta de se ressaisir en balbutiant maladroitement:

-On disait...nous disions que vos yeux sont magnifiques.

La jeune mère ne put s'empêcher de rire tout en rougissant un peu. Elle vint se rasseoir à côté de lui et déposa un petit baiser doux sur sa joue.

Pardon ...je ne savais pas trop comment réagir après tu aies un peu renvoyé mon maître.

Elle lui souriait avec un air complice. La venue du médecin et ce qui s'était passé l'avait amusée, même si elle n'aimait pas le fait qu'il soit parti frustré.

Christophe semblait un peu inquiet.

-Renvoyé votre maître.....j'espère...j'espère que je ne vous ai pas causé de tort.

Saphyra, qui voyait bien son inquiétude, mis doucement sa main sur la joue de Christophe en le regardant droit dans les yeux.

Je suis certaine que non...

Elle sourit.

Et puis, croyez-vous vraiment que je vais le laisser partir comme ça?

Sa voix était douce. Elle essayait de l'apaiser, en croyant vraiment que cela n'était pas si grave. Après tout, ce n'est pas comme si c'était elle qui lui avait parlé sur ce ton...peu convenant.

Saphyra apaisait Christophe. Il se détendit et sourit.

-Je ne me pardonnerais pas de vous faire souffrir davantage.

-Vous êtes si belle. Votre présence est une douceur qui m'a été inconnue trop longtemps.

Elle lui sourit, les joues toutes roses.

Mais vous ne me faites pas souffrir...bien au contraire.

Elle baissa la tête un tout petit peu. Certaines pensées lui étaient revenues à l'esprit...

Je ne peux que comprendre ce que vous ressentez...moi aussi, cela fait longtemps...plus longtemps qu'il le paraît en fait.

Elle lutta très fort pour garder de vieux souvenirs bien au fond de son coeur. Ce n'était pas le moment de laisser aller de vieilles rancunes.

Christophe serra dans ses bras Saphyra. Il la tint fort contre lui, sentant ses cheveux.

-Votre simple présence me fait du bien.

Elle se sentit presque instantanement réconfortée une fois dasn ses bras. Elle posa sa tête contre son épaule et ferma les yeux. Elle ne se souvenait même pas d'avoir vécu un tel moment. C'est comme si le temps s'était arrêté. Tous ses problèmes avaient disparus, elle ne sentait que la chaleur et le bien-être. Elle se sentait transportée dans un autre monde, comme si elle rêvait. La jeune femme s'était probablement un peu assoupie. Peut-être juste un peu somnolente...


Je suis si bien comme ça...

Sa voix était à peine perceptible.

Christophe conserva le silence caressant le dos de la femme qu'il tenait dans se bras. Lorsqu'il brisa le silence, ce fut pour dire doucement:

-Je vous aime Saphyra.

Ces mots eurent pour effet de la réveiller et de relever la tête pour regarder Christophe droit dans les yeux. Toutes sortes d'émotions se bousculaient en elle....Joie...Passion...Fébrilité...Ne sachant pas trop quelle émotion était la plus forte, elle se rapprocha un peu plus de son visage, les joues en feu. Elle murmura de sa voix la plus douce:

Moi aussi je vous aime...

Elle qui pensait tout savoir sur l'amour...Elle ne savait pas si elle devait oser ou tout simplement être patiente. Elle se sentait complètement novice et se sentait comme lors de ses 18 ans...fébrile et naïve à la fois. Après tout...elle n'était pas si vieille que ça au contraire...

Christophe embrassa Saphyra. C'était un vrai baiser, contrairement au embrassade rapide qu'il lui avait déjà offert. Il croyait maintenant vraiment l'aimer et ne désirait plus se contenter de flirter avec elle.
Après ce baiser, il la regarda dans les yeux pour lui dire:

-J'aimerais passer ma vie comme ça, à vos côtés.

Lorsqu'il l'embrassa, elle sentit enfin qu'elle pouvait laisser sortir ce feu qui bouillait en elle. La jeune femme répondit avec ardeur et fut un peu déçue, non sans sourire, qu'il s'éloigne un peu. Ses yeux continuaient cependant à exprimer sa passion. Ce fut les mots qu'il prononça qui eurent pour effet de l'adoucir un peu. Elle ne savait que dire...

Je...moi aussi. Je désire cela depuis longtemps.

Elle se demandait cependant si elle devait prendre cela pour une demande officielle...

Christophe était totalement perdu dans ses pensées. Il ne savait plus que dire et que faire. Tout ce qui occupait ses pensées, c'est qu'il était heureux, sans soucis. Après quelques instants à tenter de réfléchir dans un état incertain, il demanda:

-Est-ce...avez-vous de la famille?

Aussitôt que ces paroles furent sorties de ses lèvres, il les regretta.
Il tenta de se rattraper rapidement en ajoutant:

-Je voulais dire, qui considérez-vous comme votre plus proche parent?

La jeune femme ne parut pas perturbée par sa question. Elle sembla réfléchir un instant.

Hum...non je n'ai vraiment de famille ici.

Elle rit un peu, en pensant à quelqu'un.

Mon plus proche parent...Vous pouvez toujorus vous adressez à Liam. Je le considère un peu comme mon frère.

Elle tentait de ne pas rire en pensant au visage de Liam lorsqu'il verrait Christophe venir le voir.

Christophe se leva, satisfait. Il avait tout à coup un grand sourire au lèvre et semblait très confiant.

-Parfait. Ma belle, je dois partir. Je te reviendrai dès que possible. J'ai tellement à faire.

Christophe semblait sur un nuage, il se dirigea vers la porte et se retourna pour dire avec un grand sourire:

-À bientôt, mon amour.

Saphyra, qui était aussi heureuse que lui, rit un peu à l'idée de le voir aller voir Liam.

Reviens moi vite!

Toute joyeuse, elle alla près de ses enfants qui dormaient à présent. Elle les embrassa tous les deux à mainte reprises. Leur vie allait changer... Transportée de joie, elle se leva et dansa un peu n'importe comment dans la petite maison. Puis, elle se rassit à côté de ses petits en riant d'elle-même. Son regard se porta un peu autour et elle se calma un peu, gardant toutefois son sourire. Elle aussi avait beaucoup de choses à faire...elle voulait pouvoir recevoir des patients dans cette maison. Elle se mit donc à l'ouvrage, essayant de faire un peu de ménage tout en fredonant une chanson toute simple.

La jeune femme poussa un petit cri de surprise. Elle se tint proche de ses enfants, voulant les protéger par instinct. Elle resta à l'opposé de la créature, la fixant de ses yeux bleus. Elle avait appris à se méfier de tout ce qui était inconnu et qui avait une drôle d'apparence. Elle n'avait pas vraiment peur, seulement méfiante. Tout doucement, elle se pencha pour regarder sous la chaise, sans faire de geste brusque. Elle fixait toujours la créature et parla doucement, sans aucune agressivité.

Est-ce que tu sais parler?

Elle était curieuse malgré tout. Elle garda cependant ses distances. Si la créature parlait, au moins elle pourrait être renseignée sur sa nature. Elle espérait seulement qu'elle ne fut pas dangereuse. La jeune mère regrettait encore plus le départ de Christophe.

La jeune femme fronça les sourcils devant cette insulte. Elle resta tout de même à l'écart, se forçant à ne pas frapper la créature.

Qui es-tu et que viens-tu faire chez moi?

Elle n'allait certes pas s'évertuer en formules de politesse, étant donné la réponse de la créature. Elle s'assit sur le banc où étaient ses enfants, toujours à l'opposé de la chose. Elle pouvait toujours voir ses petits yeux perçants cachés sous la chaise.

Le cri de Saphyra figea Christophe. Qu'est-ce qui avait bien pu provoquer ce cri? Lorsqu'il l'entendit parler et qu'une voix aigu répondit, il fit demi-tour pour venir passer sa tête dans le cadre de porte.

-Qu'est-ce qui se passe?

Christophe s'enflamma.
Il dégaina et s'interposa entre Saphyra et la chaise qui cachait la créature.
Pointant sa rapière vers la créature, il s'écria:

-Tu passeras par le fil de ma lame bien avant, misérable cloporte.

La jeune femme sembla très heureuse de revoir son futur compagnon, mais cette joie s'assombrit lorsque la créature l'insulta de nouveau.

Attend un peu toi...

Elle s'était levée mais Christophe avait été plus rapide qu'elle.

De la surveillance? Explique-toi sinon je te garantie que tu vas te retrouver clouée au mur en guise de trophée de chasse.

Son ton de voix était très ferme et elle jeta un coup d'oeil à Christophe.