Dans la maison près de l'auberge

Saphyra laissa échapper un petit soupir de soulagement. Elle se rassit sur son banc, un peu apaisée. Elle leva les yeux vers son mari, une pointe d'agacement dans les yeux encore.

Tu vas devoir me faire confiance plus que ça...je viens de te le dire. Je l'ai dit deux fois même....oui je veux que tu restes.

Elle se tenait toujours le ventre, mais il lui faisait moins mal maintenant. Elle essaya de se détendre en prenant de grandes respirations. Maintenant, elle avait des nausées....décidement.

Il ou elle veut aussi que tu restes...

Elle mit sa main sur son épaule et lui caressa un peu les cheveux. Elle s'en voulait maintenant de ne pas avoir contrôler sa colère. Elle se rapprocha un peu. Sa voix et ses yeux étaient redevenus plus doux.

Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi prends-tu cet air maintenant?

Elle continua à lui caresser les cheveux. Elle s'attendait à ce qu'il ne lui réponde pas tout de suite. Elle aimait ce silence...cela la calmait après toute cette frustration. Elle aurait aimé pouvoir mieux apaiser les tourments de son mari. Elle se sentait impliquée, mais complètement impuissante, sensation qu'elle détestait par dessus tout.

La jeune femme continua ce manège jusqu'à ce qu'elle le sente complètement détendu. Elle parla ensuite tout bas, avec beaucoup de douceur.

Tu dois me faire plus confiance Christophe...Et tu dois arrêter de vouloir t'en aller quand ça va mal. C'est trop facile voyons...


Elle souriait. En effet, parfois, elle avait voulu rester seulement parce que c'était beaucoup trop facile d'abandonner. Elle avait un certain honneur tout de même...

À ce moment précis, Thalion s'accrocha à l'embrasure de la porte, suivi de son frère. Les deux regardaient les adultes sur le banc. Ils ne semblaient pas trop savoir ce qu'ils devaient faire. Ce fut Edmond qui essaya de se rendre en marchant jusqu'au banc pour s'y accrocher, non sans quelques difficultés.

C'était le lendemain du banquet de de Larochopiquette. Le soleil était couchée depuis une bonne heure. C'est seulement à ce moment que Christophe rentra.
Ses vêtements étaient troués à quelque endroit. Ils portaient plusieurs tâches de sang séchées.
D'autres blessures étaient encore fraîches. Une profonde entaille à son bras d'arme était maladroitement bander avec un torchon.
Il s'était battu avec Raphaël, encore. Ça se voyait dans son air maussade.

Christophe entra et commença à se délester de son sac et de son arme. Il jeta sa bourse sur la table qui s'y écrasa avec un inhabituel tintement.

-J'ai réussi à faire un peu d'argent pendant ce banquet de merde.

Il s'écrasa sur le banc.

Christophe commença par protester verbalement, disant que ça allait, qu'il n'avait pas besoin de soins, que c'était des blessures superficielles...
mais il laissa tout de même la douce Saphyra s'occuper de lui. Ça le détendait. Cette période de soins lui permit de reprendre ses esprits.

Le silence de Saphyra commençait à la troubler. Ça le mettait mal à l'aise, car il s'avait qu'elle se retenait de parler. Mais que dire? Il n'y avait rien à dire. Raphaël allait se faire buter et il ne pourrait rien y faire à cause de cette stupide querelle.

- Il y a... trois pièces d'argent dans ma bourse.
Ça... pourra t'aider à combler les dépenses de la maison.

Saphyra sourit légèrement sans cesser d'observer son ventre et de le caresser.

Je ne peux pas dire que ça m'inquiète beaucoup les dépenses de la maison...

Elle sourit un peu encore. Sa voix était plus douce et plus basse.

Je ne me donne pas plus que 3 semaines encore....Il ou elle sera trop gros sinon. Déjà que j'ai énormément de difficulté à me tenir debout...

Elle rit. Pauvre petite chose à l'intérieur. Ce n'était pas de sa faute si elle grossissait. Au fond, se dit Saphyra, cela ne peut être qu'encourageant. Il ou elle sera vigoureux et en forme. Mais elle avait tout de même hâte de voir son petit visage, ses minuscules mains toutes roses...

Tu sais, je crois que cela ne prendra pas de temps pour qu'il ou elle sorte de là. Je n'arrête pas d'encaisser des coups de pieds.

Elle rit encore, essayant de se lever pour rejoindre Christophe.

Cette bonne humeur redonna le sourire à Christophe.
Il prit le bras de Saphyra et l'invita à s'asseoir avec lui sur le banc.
Il l'enveloppa de son bras pour la tenir contre lui et posa doucement la main sur ce ventre tout rond qui portait son enfant.
Christophe savoura ce petit moment de tendresse. Il se préoccupait beaucoup trop de sa malédiction et trop peu de sa jolie épouse qui allait bientôt enfanter.

-Comment vas-tu, ma belle Saphyra?
Et lui, comment va-t-il? (Il effectua une douce pression sur le ventre de Saphyra)
Comment vont tes enfants?
Comment va ma famille?

(Il prit un air légèrement inquiet.)
-Je vous ai négligé, je ne pense qu'à mes problèmes.
Mais là je veux savoir. Les petits sont-ils encore malades?
Est-ce que tout va bien avec ta grossesse?

-Je m'aperçois de la chance que j'ai de t'avoir près de moi...

Saphyra embrassa son mari avant de rire encore un peu.

Je vais bien, mis à part les coups de pieds. Mais c'est normal. C'est un bon signe...ou ça veut dire qu'il ou elle sera vif.

Elle perdit un peu son sourire lorsqu'il parla de ses deux autres fils.

Ils sont encore un peu malades...mais ils ne sont plus ici. Je suis allée les mener à Karmik, chez de la famille. Je veux pouvoir me reposer un peu, avant que ça arrive. Mais je suis triste un peu, je m'ennuie d'eux...


Elle soupira. Quoiqu'elle était habituée de ne pas être toujours avec ses enfants, à cause de son travail, elle n'était pas habituée de ne pas les voir pendant plusieurs jours. Mais elle se disait qu'elle les reverrait bientôt, après s'être remise de son accouchement.

Christophe la serra un peu plus contre lui.

-Il faudra qu'on s'occupe d'eux. Quand tu te sera remise de l'accouchement.
ON trouvera un remède encore plus efficace.