Enfin seule, c'était tout ce que demandait la prêtresse. Seule avec elle-même, seule avec son dieu. L'ex-fée respira un bon coup, prenant toute l'air qui pouvait s'offrir à elle. Puis, elle s'effondra officiellement. Il n'y avait plus de cachette, plus de regret, plus de force. Les larmes, par dixaines, par centaines coulèrent sans retenues. Chaque fois qu'elle réussissait à changer la ligne de ses idées, quelque chose la ramenait à l'idée fixe qu'elle ne reverrait jamais son fils, son enfant, le sang de son sang.
Chaque fois, elle retournait dans le même état de tristesse, toujours aussi faiblement. C'était la seule vision de ce qu'elle vivait qu'elle voyait. Une faiblesse, une chaîne qu'elle trainerait sous ses propres ordres. À certains instants, elle souhaitait aller avec son fils, aussi loin que personne ne pourrait aller les chercher. Après, Johanniel ne pouvait que s'avourer le sang de celui qui avait osé. En de dernier soupires et sanglots, elle espérait simplement disparaître dans l'ombre des arbres. C'était un cercle vicieux qui n'avait pour but que de passer et repasser toutes les émotions qu'elle vivait.
Elle prenait enfin compte de l'importance de son fils dans sa vie. Elle ne pouvait qu'en vouloir au tueur, et à elle-même en même temps. Si elle n'avait pas été si folle et si insouciente, il serait encore là. Elle se haissait plus que n'importe qui au monde. Plus que l'élu plus que les démons, plus qu'Obéron. Qui de plus irresponsable qu'elle. On lui avait confié et elle elle avait tout perdu. Les yeux ruissellants de haine et de tristesse, Johanniel cria, cria de toutes ses forces, pour pouvoir modir ce qui lui arrivait.
Elle n'arrivait plus à respirer, elle n'arrivait plus à comprendre. Cela lui prit des heures et des heures, simplement pour comprendre que rien ne changerait comme ça. Ce fut le temps qu'il fallu à ses yeux pour ne plus être capables de produire des larmes. Ce fut le temps pour son corps de se vider de ses forces. Et ce fut le temps pour Johanniel de vider toutes ses émotions, pour vivre pleinement ce qu'elle croyait devoir vivre. Ressentir le vide l'envahir lentement et lui donner toute la place qu'il avait besoin, pour que sa douleur arrête. Johanniel n'avait plus rien et au moins maintenant elle le savait pleinement. Malgré tout Sylvar lui avait laissé la vie, il lui avait laissé sa force, et elle était encore et serait toujours contente. Maintenant, elle regardait videment le ciel dans l'espoir qu'il lui redonne son fils... sans véritable espoir. C'était ce qui faisait vivre la jeune fille, l'espoir... l'espoir de Sylvar.